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LOUIS XVI. — Je me réfère, quant à mon voyage de Varennes, à ce que j’ai dit aux commissaires en ce temps-là.

LE PRÉSIDENT. — Après votre arrestation à Varennes, vous avez continué à conspirer. Le 17 juillet 1790, le sang des citoyens a coulé au champ de Mars. Une lettre de votre main, écrite en 1790 à La Fayette, prouve l’existence d’une coalition criminelle entre vous, La Fayette et Mirabeau. Vous avez payé des libelles, des pamphlets, destinés à discréditer les assignats, à soutenir la cause des émigrés ; les registres de Septeuil indiquent quelles sommes énormes vous avez employées à ces manœuvres liberticides. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — Ce qui s’est passé le 17 juillet 1790 au champ de Mars ne me regarde point. Quant au reste, je n’en ai aucune connaissance.

L’Assemblée, obéissant au sentiment de respect que des juges se doivent à eux-mêmes, et respectant aussi le droit sacré de la libre défense, se contint en entendant Louis XVI s’opiniâtrer dans son système de lâches mensonges et d’impudente négation des faits les plus avérés, les plus flagrants, et répondre d’un ton sec « que ce qui s’était passé au champ de Mars ne le regardait point ! » Dieu juste ! des hommes inoffensifs, des vieillards, des femmes, des enfants massacrés, parce que, paisiblement assemblés selon leur droit, ils avaient signé une pétition demandant sa déchéance à lui, Louis XVI, et ce massacre ne le regardait point ! Quoi ! pas un mot de compassion pour les innocentes victimes de ce carnage ! Les patriotes des tribunes, moins réservés que les conventionnels, éclatent en imprécations contre Louis XVI ; mais quelques dignes paroles du président les rappellent au silence, et le calme se rétablit.

LE PRÉSIDENT. — Louis, le 24 septembre 1791, vous avez juré la Constitution, et dès lors vous avez incessamment conspiré pour la renverser. Une convention avait été signée, le 24 juillet 1791, à Plinitz, entre Léopold d’Autriche et le roi de Prusse, qui s’étaient