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de crimes pour établir votre tyrannie en détruisant la liberté. Vous avez, le 20 juin 1789, attenté à la souveraineté du peuple en suspendant les assemblées de ses représentants, en les repoussant par la violence du lieu de leurs délibérations ; la preuve de ce crime est inscrite dans le procès-verbal dressé au Jeu de paume de Versailles par les membres de l’Assemblée constituante… Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — Il n’existait pas de loi qui m’empêchât de faire ce que j’ai fait.

Cette première réponse, où l’effronterie du pouvoir absolu se joint à la négation ou à l’ignorance des plus simples notions du juste et de l’injuste, soulève un murmure général d’indignation contre l’accusé ; il semble indifférent à ces marques d’improbation. Le tumulte s’apaise, le président continue ainsi l’interrogatoire :

— Louis, le 23 juin 1789, vous avez voulu dicter des lois à la nation ; vous avez entouré de troupes ses représentants, vous leur avez signifié deux décrets royaux destructeurs de toute liberté ; vous leur avez ordonné de se séparer. Vos déclarations et les procès-verbaux de l’Assemblée constatent ces attentats ; Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI, impassible. — Il n’y avait point de lois qui m’empêchassent de faire ce que j’ai fait.

LE PRÉSIDENT. — Vous avez fait marcher une armée contre Paris, vos soldats ont fait couler le sang des citoyens ; vous n’avez fait éloigner cette armée qu’après que la prise de la Bastille vous eut appris la victoire de l’insurrection ; vos discours tenus les 9, 12 et 14 juillet 1789, aux diverses députations de l’Assemblée nationale, témoignent de vos intentions, et les massacres de Paris déposent contre vous. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — J’étais, dans ce temps-là, le maître de faire marcher les troupes, mais je n’ai jamais eu l’intention de répandre le sang…