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Carmagnole, je propose de boire à sa santé et à celle des braves canonniers de l’armée du Rhin !

— À la santé de Carmagnole ! à la santé des canonniers de l’armée du Rhin ! — répètent en chœur les volontaires de l’armée de la Moselle, en trinquant avec Duchemin. Celui-ci, touché de cette preuve de sympathie pour son canon et pour ses frères d’armes, lève à son tour son verre et s’écrie :

— Merci, camarades, merci ! je ferai bien des amitiés de votre part à Carmagnole, et je vous réponds qu’elle et moi, à la bataille de demain, nous nous patinerons ni peu ni trop, mais assez… En attendant, je bois en son nom et au mien : À la santé des braves de l’armée de la Moselle ! et à la prise de Landau… car il nous faut Landau… Nous l’aurons, sacredieu ! et là-dessus : Vive la république !

— Nous aurons Landau ou la mort ! — acclament les volontaires parisiens avec enthousiasme. — Vive la république !…

— Eh bien ! paole d’honneur, je crois que je n’ai plus peur d’avoir peur… demain, — s’écrie Duresnel, électrisé par l’élan de ses camarades. — Vive la république !… ce cri-là vous donne du cœur au ventre !

— Citoyen Duresnel, avais-je tort de te prédire que tu ferais bravement ton devoir ? — reprit en souriant le capitaine Martin. — Tu verras que ce n’est pas le diable que d’aller pour la première fois au feu en compagnie de bons camarades.

— Ma foi ! capitaine, je commence à le croire, — répond Duresnel, tandis que Castillon, s’adressant à Duchemin : — Ah çà, mon vieux, ton amour pour Carmagnole t’a empêché de nous raconter tes griefs contre ton cheval, ce brigand de Rouget, jusqu’ici fameux patriote à sa manière, nous disais-tu, et que tu soupçonnes d’avoir été suborné par un agent de Pitt et de Cobourg ?

— Or, camarades, pour en revenir à Rouget, oui je dis qu’il est patriote à sa manière… cette bête… jugez-en : Dernièrement, à l’affaire de Kaiserslautern, nous allions au galop, avec une section