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moine défroqué, était l’un des types les plus hideux, n’a condamné les accusés qu’à quelques amendes ou à quelques emprisonnements d’une courte durée.

— Il faut convenir aussi que l’Alsace, malgré ses tendances fédéralistes, est sincèrement républicaine, — ajoute le capitaine Martin ; — jamais les Alsaciens n’ont égorgé, massacré les patriotes comme l’ont fait les royalistes de la Vendée, du Lyonnais et du Midi ; il a fallu, dans ces provinces, répondre à l’assassinat par l’échafaud. Il ne s’ensuit pas que je confonde les exécutions légales, nécessaires, avec les horreurs que commettent, dit-on, à Lyon, deux hébertistes forcenés, Collot-d’Herbois et Fouché, le premier ci-devant comédien, le second ci-devant moine. L’on dit que depuis qu’ils sont en mission dans cette malheureuse ville, réduite par Kellermann après un siège meurtrier, des bandes d’accusés ont été exécutés sans jugement par la mitraille, et achevés à coups de sabre et de baïonnette.

— Et à Nantes ! — répond un volontaire, — Carrier, devenu fou de férocité, fait noyer des Vendéens et des Vendéennes liés ensemble, et il appelle ces noyades des mariages républicains.

— C’est horrible ! — s’écrient les volontaires, — ce Carrier est un monstre !…

— Il m’inspire autant d’exécration qu’à vous, camarades, — reprend le capitaine Martin ; — je ne veux pas excuser, mais expliquer le caractère de férocité que présentait, même avant la mission de Carrier, la guerre de Vendée… Savez-vous qu’au début de l’insurrection, et des premiers, les Vendéens ont donné l’exemple de ces barbaries de cannibales ! À Machecoul, ils clouaient aux portes les républicains par les pieds, par les mains, et tiraient ensuite à la cible sur les corps ! Ils éventraient les femmes après les avoir violées… Que sais-je enfin !… Alors sont venues de terribles représailles, trop malheureusement provoquées… Mais les atrocités commises par Carrier n’en sont pas moins exécrables ; cet horrible fou, ainsi que Collot-d’Herbois et Fouché sont des enragés, des hébertistes ; ces