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pour Maurice, ce jeune sergent aux gardes françaises mort des suites d’un supplice infamant… Mais, dis-moi… te rappelles-tu que deux ou trois jours après notre mariage, lorsque, selon le désir de ta sœur, tu lui as présenté Olivier et es trois petits apprentis, auxquels elle voulait apprendre à lire… elle a soudain tressailli, pâli… en s’écriant en proie à une sorte d’égarement : « Grand Dieu ! est-ce une vision ?… est-ce un spectre ?… »

— Je me souviens de cette circonstance… et Victoria, revenant à elle au bout d’un instant, nous dit qu’elle venait d’éprouver un moment de vertige… d’éblouissement… sans s’expliquer davantage à ce sujet…

—… Aussi, remarquant son embarras, son abattement, nous n’avons pas insisté près d’elle afin de savoir la véritable cause de ce bizarre incident… mais peu de jours après cette première entrevue avec Olivier, a commencé de se manifester ce changement si remarquable dans l’existence de notre sœur.

— Il est vrai… mais que conclure de là ?

— Je conclus, mon ami, qu’à l’aspect d’Olivier, ta sœur a été saisie d’une telle stupeur que… n’oublie pas ces paroles… elle s’est écriée : « Est-ce une vision ?… est-ce un spectre ?… » Eh bien, ces paroles exprimaient le saisissement mêlé d’effroi que causait à Victoria la ressemblance frappante d’Olivier et du sergent Maurice.

— Que dis-tu ?

— Rien de moins surprenant que cette ressemblance, mon ami.

— Pourquoi cela ?

— Parce que Olivier est le frère du sergent Maurice.

— Olivier !… serait-il vrai ?… Mais qui te fait supposer…

— Ce n’est pas une supposition, mon ami, c’est une certitude…

— Ce que tu m’apprends me confond… mais comment as-tu fait cette découverte ?

— Il y a une heure.

— De grâce, explique-toi.