Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

du redoutable pouvoir qui lui est confié. — Il sera jugé d’après ses œuvres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

_____

22 AVRIL 1793. — La république, la révolution, seraient perdues, la France envahie, démembrée, si le peuple, faisant entendre enfin sa voix souveraine, ne met un terme aux déplorables luttes individuelles dont la tribune de la Convention continue d’être l’arène. — Hélas ! fils de Joël, rappelez-vous ma comparaison, les faits la justifient de plus en plus, malgré son apparente frivolité. — Jacobins et girondins, au lieu d’aimer la république COMME UNE MÈRE, et de se dévouer à elle en frères unis par une sainte solidarité, aiment la république COMME UNE MAÎTRESSE ; aussi, dans leur passion jalouse, aveugle, égoïste, impitoyable, ils seraient capables de sacrifier la république plutôt que de la voir aux mains de leurs rivaux. — La jalousie et les haines féroces qu’elle engendre livrent leur esprit à de détestables aberrations. — Ils perdent, à s’accuser mutuellement de crimes monstrueux, insensés, impossibles, un temps dont chaque heure, chaque minute a une valeur inappréciable.

Ah ! ce serait à désespérer de l’avenir, si le réveil du peuple ne s’annonçait enfin, s’il ne manifestait pas sa toute-puissante volonté de mettre fin à ces luttes fratricides.

Lisez, fils de Joël, lisez avec admiration ces mâles et simples paroles d’un des meilleurs patriotes de nos jours, d’un prolétaire surnommé l’orateur des faubourgs, de Gonchon, de qui déjà vous avez pu apprécier le civisme et le rare bon sens.

Aujourd’hui, ce citoyen s’est présenté à la barre de l’Assemblée au nom d’une députation des sections du faubourg Saint-Antoine, et a prononcé les paroles suivantes :

« Représentants du peuple,

» Nous venons vous faire entendre la voix équitable de la vérité, cette voix qui réveilla plusieurs fois vos prédécesseurs endormis et