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royauté ! — s’écrie Proly, — et quant à moi, le nom de Louis… »

» — Peu importe, — dit Dumouriez interrompant Proly, — qu’il s’appelle Louis ou Jacobus

» — Ou Philippe, — dit Proly (faisant allusion à Philippe-Égalité, ci-devant duc d’Orléans).

» — C’est une atroce invention des jacobins, qui m’accusent d’être de la faction d’Orléans, — reprend Dumouriez. — Peu m’importe, d’ailleurs. Dans trois semaines, les Autrichiens sont à Paris, si je ne fais la paix, et seul je peux la faire. Aucune puissance ne consentira à traiter avec les brigands de la Convention. Il ne s’agit plus de république ni de liberté… j’y ai cru trois jours. C’est une folie, une absurdité… J’ai pleuré toutes les fois que j’ai remporté une victoire pour une si mauvaise cause… Il faut sauver la patrie, en reprenant vite un roi et faisant la paix ; car ce serait bien pis si le territoire était envahi… et il le sera si je le veux !

» — Et qui donc, — dit Dubuisson, — prendra l’initiative du vœu du rétablissement de la royauté ?

» — Mon armée… oui, l’armée des mameluks… Oui, elle sera l’armée des mameluks, pas pour longtemps, mais enfin elle le sera, et de mon camp ou d’une place forte, elle dira qu’elle veut un roi… D’ailleurs, la moitié de la France le désire, et, la royauté rétablie, je ferai la paix plus facilement.

» — Votre complot est difficile et dangereux.

» — Quoi, dangereux ? Si mes projets échouent et que la Convention me décrète d’accusation, comme elle l’a fait, je m’en f… Qu’elle vienne donc m’arrêter au milieu de mon armée… Enfin, au pis aller, je ferai un temps de galop vers les Autrichiens… Du reste, si Paris a le malheur de toucher à un cheveu de la reine, je marche à l’instant sur cette ville maudite… Je ne ferai pas comme fait en 1789 le maréchal de Broglie, qui n’était qu’un imbécile et n’a pas su s’y prendre… Je me fais fort, moi, de réduire Paris avec douze mille hommes… Enfin, — ajoute Dumouriez, — que