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nous abhorrons la révolution, nous n’en finirions jamais sur ce sujet-là ; résumons-nous donc et, s’il se peut, traduisons nos résolutions par des actes. Tout à l’heure, mon très-cher frère en Jésus-Christ, l’abbé Roux, a prononcé des paroles dont il n’a peut-être pas lui-même mesuré toute la portée… Ces paroles, les voici : la gironde, sérieusement menacée, ferait appel aux provinces.

LE LYONNAIS, — LE NANTAIS, — LE TOULONAIS. — Et, à cet appel, nos départements répondraient en marchant sur Paris !

LE JÉSUITE MORLET. — Eh bien ! moi je dis, comme disait Danton au sujet des royalistes lors des journées de septembre : Il faut faire peur aux girondins !!

M. HUBERT. — Comment cela !… faire peur aux girondins ?…

LE JÉSUITE MORLET. — En battant le fer pendant qu’il est chaud. Il faut profiter du ferment de sédition qui couve parmi ces milliers de réfractaires aux nouvelles réquisitions, il faut profiter des alarmes de la canaille au sujet de la disette et des accapareurs de numéraire et de denrées. Il est donc expédient de faire mettre à la lanterne quelques riches, qu’ils soient accapareurs ou non, à seule fin de donner du corps à la sédition ; il faut profiter des ressentiments des sans-culottes qui accusent la gironde de s’opposer aux mesures révolutionnaires demandées par les montagnards au nom du salut public. En d’autres termes, il faut, dans un très-bref délai, demain ou après-demain si possible, provoquer un mouvement populaire… ou plutôt un semblant de mouvement populaire contre les girondins. Je dis un semblant de mouvement, parce qu’il serait extrêmement impolitique de renverser les girondins, puisque, grâce à Dieu, ils manquent de la force nécessaire pour sauver la révolution. Il faut donc seulement, je le répète, leur faire peur… en ameutant aux abords de la Convention quelques milliers de forcenés braillards, hurlant : Mort aux girondins ! Vive la montagne !

M.HUBERT. — Et ensuite…

LE JÉSUITE MORLET. — Ensuite ?… Voici ce qui arrive… les girondins