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Quelques extraits des journaux de ce temps-ci, organes des différents partis, compléteront ces documents. Le Patriote Français (n° M. CCLIX), appartenant à l’opinion girondine, s’exprime ainsi :

« L’exécution de Louis XVI s’est faite aujourd’hui, vers les dix heures du matin, sur la place de la Révolution, auprès du piédestal où s’élevait il y a quatre mois la statue de Louis XV. Une foule immense était sur pied. Le calme le plus imposant a régné sur la place et dans la ville. Louis a montré plus de fermeté sur l’échafaud qu’il n’en avait montré sur le trône. Il a parlé de son innocence, du pardon qu’il accordait à ses ennemis, des malheurs qui suivraient sa mort.

» Ô mes concitoyens ! faites que cette fatale prédiction ne soit pas plus vraie que ce qu’il a dit de son innocence. Réunissez-vous pour le salut de la république ! ». . . . . . . .

Le journal de MARAT (n° CLV) termine le récit de l’exécution de Capet par les réflexions suivantes :

«… La tête du tyran vient de tomber sous le glaive de la loi, le même coup a renversé les fondements de la monarchie parmi nous ; je crois enfin à la république… Pas une voix n’a crié grâce pendant le supplice ; un profond silence régnait autour de l’échafaud, et lorsque la tête de Capet a été montrée au peuple, de toutes parts se sont élevés des cris de vive la nation ! vive la république !… Le supplice de Louis XVI est l’un de ces événements mémorables qui font époque dans la vie des nations ; il aura une influence prodigieuse sur le sort des despotes de l’Europe et sur celui des peuples qui n’ont pas encore brisé leurs fers. »

LE RÉPUBLICAIN, journal des hommes libres de tous les pays (n° 22), fait précéder de ces éloquentes paroles le rendu compte du supplice de Louis XVI :

« Aujourd’hui s’est résolue cette grande vérité étouffée pendant tant de siècles par les préjugés : l’on vient de se convaincre qu’un roi n’est qu’un homme, et qu’aucun homme n’est au-dessus des lois.