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qu’il s’est toujours opposé à votre mariage avec ma fille, — ajoute madame Desmarais d’une voix entrecoupée de larmes. — Ah ! quelle que soit l’issue de vos démarches, ma gratitude envers vous sera éternelle, monsieur Lebrenn ; mais, hélas ! comment sauver mon frère ?

— Les opinions de M. Hubert sont complètement opposées aux miennes, madame, mais il est homme de cœur ; je n’oublierai jamais que, malgré la violence de ses idées réactionnaires, il a refusé de tremper dans le massacre du champ de Mars, disant « qu’il marcherait des premiers contre une insurrection armée, mais jamais contre des citoyens paisibles accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants ; » — je sais enfin que l’on peut compter sur sa parole.

— Ah ! n’en doutez pas.

— Je n’en doute pas, madame ; aussi j’ai songé au moyen que voici… M. Hubert est sans doute encore caché à Paris ?

— Je ne sais… — répond d’abord avec embarras madame Desmarais ; puis, bientôt se reprochant son premier mouvement de défiance, presque involontaire, elle ajoute : — Pardon, monsieur Lebrenn, d’avoir hésité un seul instant à vous répondre. Eh bien, oui, mon frère est caché à Paris.

— Avez-vous la possibilité de le voir ou de correspondre avec lui sûrement ?

— Je risquerais de le faire découvrir en allant le trouver dans son refuge, et il m’a conjuré par écrit de n’en rien faire, monsieur Lebrenn. Quant à le voir ici… — ajoute madame Desmarais, les yeux baignés de larmes, — c’est impossible ; vous savez, hélas ! que mon mari l’a dénoncé et failli le faire arrêter ; je ne puis donc que correspondre avec lui…

— En ce cas, madame, écrivez ceci à M. Hubert… et soyez certaine que l’esprit de parti ne m’abuse pas ; écrivez-lui, dis-je, que, désormais tout complot contre la république serait vain et ne deviendrait funeste qu’à ceux qui le trameraient, et que s’il promet, sur