Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le voir sur le trône en qualité de régent ou de roi constitutionnel. Robespierre craignit quelque manœuvre orléaniste au sujet de la pétition, et songeant aussi sans doute que l’Assemblée nationale, décidée aux mesures les plus violentes, pouvait, le lendemain, par son agression, changer une manifestation en un mouvement insurrectionnel, que paralyserait la présence des femmes et des enfants, d’ailleurs ainsi exposés aux plus grands dangers… Robespierre, dis-je, montant à la tribune, reconnut l’opportunité d’une pétition à l’Assemblée et termina ainsi :

« — … Non, l’arrêt de l’Assemblée qui a renvoyé devant une haute cour nationale les complices de l’évasion de Louis XVI n’est pas clair… il ne saurait y avoir de complices sans un principal coupable… ce coupable est Louis XVI… La nation a donc le droit, par l’organe d’une pétition, de dire à ses représentants : Expliquez-vous ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Quant à l’opinion du citoyen Laclos, elle me paraît sinon devoir être rejetée, du moins modifiée dans sa forme… Pourquoi faire signer cette pétition par des femmes, surtout par des enfants ? »

— Nous emmènerons nos femmes et nos enfants avec nous au champ de Mars, afin de prouver combien notre manifestation est pacifique ! — répondit l’orateur du peuple. La généreuse confiance qu’il exprimait prévalut sur les justes et sinistres appréhensions de Robespierre. Laclos et Brissot furent chargés de la rédaction immédiate de la pétition ainsi conçue et acceptée par les jacobins et par le peuple :

« Les Français soussignés, membres du souverain, considérant que dans les questions auxquelles est rattaché le salut du peuple, il est de son droit d’exprimer son vœu pour éclairer et diriger ses mandataires ;

» Que jamais il ne s’est présenté de question plus importante que celle concernant la désertion du roi ;