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nous avons toujours eu, nous avons et aurons toujours confiance dans les jacobins, bons patriotes, bons révolutionnaires ; seulement nous croyons, voyez-vous, qu’en soutenant, sinon le gros Veto, du moins la royauté quand même… vous vous trompez… citoyens, et que c’est de bonne foi que vous faites erreur…

— Nous avons juré de défendre la constitution, nous la défendrons jusqu’à la mort !

— Nous aussi, nous voulons la constitution, citoyens, seulement… Louis Capet ayant par sa fuite rayé le titre de roi dans la constitution… le peuple la veut… moins un roi !

— Eh ! c’est la république alors ! 


— « Tant mieux ! et vive la république… c’est le seul gouvernement qui puisse affranchir matériellement et moralement le prolétaire, » — a dit Claude Fauchet au Club social, et il a raison. N’est-il pas démontré que la constitution est impossible avec un roi, à preuve que l’individu royal a déserté son poste ? Il en a assez ! il n’en veut plus ! Est-ce que, sous le règne de l’égalité, de la liberté, il n’était pas libre de ne plus vouloir d’être roi… c’t’homme ! et surtout de nous débarrasser de la royauté !

— Nous soutenons le principe et non l’homme ! nous ne nous opposerions pas à sa déchéance…

— Voilà justement, citoyens, ce que le peuple vient vous demander. Nous sommes, vous le voyez, du même avis, car une fois la déchéance de Veto proclamée, vous serez fièrement malins si vous trouvez un autre individu royal à mettre à la place de Louis Capet !

Pendant ce dialogue, le tumulte, causé par l’envahissement de la salle des jacobins, s’était peu à peu apaisé. Il se fit un grand silence, et Gonchon, surnommé le Mirabeau des faubourgs, s’exprime ainsi à la tribune :

« — Citoyens jacobins, frères et amis, votre civisme nous est connu… mais dans votre respect outré pour la constitution, vous oubliez que son premier fonctionnaire l’a déchirée en ce qui le re-