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de son glaive les rois coalisés contre la révolution française, et de l’autre main appelant fraternellement à l’indépendance les peuples étrangers, en leur montrant la Déclaration des droits de l’homme, cet évangile de l’avenir et de la république universelle !

Oui, fils de Joël, tels sont les jacobins de nos jours. Aussi, vous le disais-je, le lieu de leurs séances, leur club central, est l’église révolutionnaire la plus fréquentée du peuple… Ah ! c’est que dans ce forum plébéien se débattent toujours les grandes questions qui agitent Paris, la France, l’Europe ! Ah ! c’est que de ce foyer brûlant de patriotisme rayonnent les vertus civiques… l’ardeur révolutionnaire qui d’un bout à l’autre du pays vont embraser tous les cœurs… Ah ! c’est que là seulement est l’école politique du prolétaire ; là seulement il prend directement part à la chose publique ; et au milieu de ces orageux débats, s’élucide, se formule son opinion qui souvent pèse ensuite d’un poids immense et légitime sur les délibérations ou les actes de ses mandataires composant l’Assemblée nationale… C’est encore du haut de la tribune retentissante des Jacobins que les citoyens vigilants épient et signalent les manœuvres de nos ennemis, surveillent incessamment les fonctionnaires publics de quelque rang qu’ils soient ; c’est de cette tribune populaire que partent les premiers cris de défiance ou d’alarme, et souvent la trahison effrayée s’arrête dans son œuvre !… C’est enfin de cette tribune que les patriotes, à l’approche des grands périls, réveillent l’opinion publique attiédie, abusée ou endormie, l’activent, la surexcitent, rallument en elle la fièvre révolutionnaire, et plus tard à ces mots sacrés : la patrie est en danger ! ! retentissant d’écho en écho depuis la tribune de l’Assemblée nationale jusqu’aux voûtes sonores des Jacobins, un million de volontaires se lèveront en masse, et, courant aux frontières, accompliront des prodiges d’héroïsme, sauveront la révolution, la France et la république.

Pourquoi faut-il donc que, par une inexplicable erreur de jugement ou de tact politique, erreur d’ailleurs momentanée, les jacobins,