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» Et mettez sur ma porte :
» C’EST LE DERNIER DES ROIS. »

Vers la fin de la journée, le journal la Bouche de fer donnait, dans un supplément, la proclamation adressée aux Français par Louis XVI fugitif, pièce saisie chez Laporte, l’un des affidés de la cour et chargé de la faire imprimer, placarder à Paris. Cette pièce, transmise au bureau de l’Assemblée, ne laissait aucun doute sur les projets et sur la trahison de Louis XVI.

« — Le roi, — est-il dit dans ce manifeste, — a longtemps espéré de voir l’ordre et le bonheur renaître par l’Assemblée, il renonce à cette espérance ; la sûreté des personnes et la propriété sont compromises ; l’anarchie est partout. Le roi, se considérant comme captif depuis son séjour forcé à Paris, proteste contre tous les actes de l’assemblée, contre la constitution qui outrage l’Église, — avilit la royauté, la subordonne à l’Assemblée, la réduit à une liste civile insuffisante, etc., etc. — D’après ces motifs, — dit Louis XVI en terminant, — dans l’impossibilité où je suis d’empêcher le mal, il faut chercher ma sûreté ! Français ! vous que j’appelais les habitants de ma bonne ville de Paris, méfiez-vous des factieux ! Revenez à votre roi. Il sera toujours votre ami, quand notre sainte religion sera respectée ! quand le gouvernement sera stable ! et la liberté établie sur des bases inébranlables !

» Signé Louis. »...............................

Bonneville, après avoir cité cette proclamation in-extenso, la flétrissait énergiquement et terminait ainsi son article en s’adressant à Louis XVI :

« — … Perfide ! tu as voulu imiter le toi Jean qui appela les Brabançons et les bulles du pape pour l’aider à violer la foi promise et anéantir la grande charte d’Angleterre, signée, disait-il, malgré lui ; tu ne réussiras pas davantage ! »

Aux abords de la Bastille et sur quelques décombres de la forte-