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blicains de 1791, Bonneville, écrivait ce jour-là, dans la Bouche de fer, organe du Club social, présidé par l’ex-curé Claude Fauchet, excellent patriote :

« —… Avez-vous remarqué, citoyens, comme on est frère quand le tocsin sonne ? quand on bat la générale, et que les rois ont pris la fuite ?… — Plus de rois ! Pas de dictature ! Pas de régents ! Pas de protecteurs ! Pas d’empereurs ! Notre ennemi, c’est notre maître, je vous le dis en bon Français. — Point de La Fayette ! Point de d’Orléans ! Le règne de la loi… de la loi seule… et faite pour tous ! — D’Orléans est un ambitieux ; le sire Moittié, marquis de La Fayette, est toujours moitié l’un, moitié l’autre. — Voulez-vous absolument une formule de serment ? Faites celui-ci : — Je périrai, ou nous serons sans maître ! »

Le club des Cordeliers fit dès le matin placarder cette affiche :


« Citoyens !

» L’Assemblée législative a décrété l’esclavage de la France en décrétant l’hérédité de la couronne !

» Nous demandons… et vous demanderez, avec nous, l’abolition de la royauté… La France doit être république.

» Vive la république !

» Legendre, président. »...............................


Cet énergique appel républicain et l’influence du numéro de la Bouche de fer furent immenses dans les faubourgs ; l’on s’arrachait littéralement la feuille de Bonneville, l’on se répétait, en le commentant, ce vieil axiome du fabuliste d’une éternelle vérité : Notre ennemi, c’est notre maître. — Et l’on disait comme Bonneville : Plus de rois ! Pas de régents ! Pas de protecteurs ! Pas d’empereurs ! Périssons, ou soyons sans maîtres ! Marat, dans l’Ami du peuple de ce jour, se livrait aux égarements de sa monomanie déplorable, à l’endroit de la dictature et de l’extermination, mais donnait cependant d’excellents conseils dans son manifeste, dont voici quelques extraits :