Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Citoyen commissaire, il n’y a jamais d’excuse au crime de lèse-nation !

— Je ferai part de votre désir au citoyen Marat, il avisera ; mais revenons à ce coffre : il est de tous points semblable à certaines caisses solides et fermées de couvercles qui nous ont été signalées depuis quelques jours ; voilà pourquoi je suis obligé, au nom de la loi, de vous demander ce que contient cette caisse ?

— Je l’ignore… et…

— En ce cas, comment se fait-il que vous en soyez dépositaire ?

— Mon beau-frère a envoyé ici, il y a quelques jours, cette caisse, renfermant, a-t-il fait dire, un présent destiné à ma femme pour le jour anniversaire de sa naissance, ma femme étant née dans le courant de décembre ; mais je me hâte d’ajouter que j’ai tout lieu de supposer que le citoyen Hubert, abusant d’une manière infâme de ma confiance, a mis ainsi à l’abri chez moi des papiers compromettants.

— Quoi ! citoyen, vous étiez instruit de cette circonstance, et vous avez gardé ce coffre ?

— Tout à l’heure seulement, et au moment où je déclarais à mon beau-frère que j’allais le faire arrêter, j’ai appris, par quelques mots qui lui sont échappés, la nature du contenu de cette caisse.

— Citoyen, je requiers l’ouverture immédiate de ce coffre. En avez-vous la clé ?

— Non, certes !

— Faites sauter le couvercle, — dit le commissaire aux gendarmes : ils introduisent leurs baïonnettes entre le couvercle et la serrure de la caisse ; elle s’ouvre… L’avocat Desmarais y jette un regard inquiet et recule en la voyant remplie de poignards, de pistolets à deux coups, de paquets de cartouches, et enfin d’une liasse de proclamations imprimées. Le commissaire prend l’un de ces exemplaires et lit à haute voix :

« Français !