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garde du passage du Chêne-Populeux devait être confiée au général Duval.

La proclamation suivante est adressée par Dumouriez aux populations voisines du théâtre de la guerre :

« Citoyens, si les Prussiens s’avancent pour traverser les défilés que je garde en force, je ferai sonner le tocsin dans toutes les paroisses voisines de la forêt. Qu’à ce signal, tous ceux d’entre vous qui ont un fusil se portent en avant sur la lisière du bois ; que les autres, armés de haches, de pioches, coupent les bois, entassent des abattis d’arbres, afin d’entraver la marche de l’ennemi. Tous les membres de l’administration et des municipalités assureront l’exécution de cet ordre, sous peine d’être dénoncés comme traîtres à la patrie. »

Les populations répondent vaillamment à l’appel de Dumouriez. Le duc de Brunswick tente une reconnaissance sur le Grand-Pré ; il est culbuté. Jugeant alors impossible de débusquer les Français de cette position, il tente de la tourner en s’emparant du passage de la Croix-au-Bois ; malheureusement Dumouriez, par une faute impardonnable, avait rappelé à lui une partie des troupes qui défendaient le Chêne-Populeux et la Croix-au-Bois, n’y laissant qu’une centaine d’hommes couverts par un abattis d’arbres. Cette position est enlevée par les Autrichiens, après la mort héroïque du petit nombre de braves qui la défendaient. Dumouriez reconnaît trop tard quelle faute capitale il a commise en dégarnissant ce poste, lance le général Chazot à la tête de sept bataillons, de cinq escadrons et de onze pièces de canon pour reprendre la Croix‑au‑Bois, et, le 14 septembre 1792, à six heures du matin, les Autrichiens sont débusqués ; mais Clairfayt, l’un de leurs généraux, sentant l’importance de cette position, revient l’attaquer à la tête de douze mille hommes ; et Chazot, après une défense intrépide, mais écrasé par le nombre, bat en retraite, tandis que le corps d’émigrés de la colonne du prince de Hohenlohe attaque vigoureusement la position du Chêne-Populeux. Ils sont