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rétablie dans son entier absolutisme ; donc, si la révolution triomphe, c’est grâce aux journées de septembre. »

» — Selon moi, si elle triomphe, c’est malgré les journées de septembre. Non ! jamais je ne croirai que l’iniquité, le meurtre, puissent assurer le triomphe de la plus juste, de la plus sainte des causes ! »


Ces volontaires enflammés de patriotisme, qui, durant les journées de septembre, s’enrôlaient en masse et partaient aux chants de la Marseillaise, étaient d’abord dirigés sur des camps intermédiaires ; là, les enrôlés recevaient un commencement d’organisation militaire, puis ils rejoignaient l’armée. Leur irrésistible élan sauva la France à Valmy, et inaugura les victoires de la république ces grandes conquêtes de la liberté des peuples !

Verdun ne pouvait résister longtemps, ainsi que l’avaient prédit les proclamations de l’Assemblée. En effet, cette place, sommée par le duc de Brunswick de se rendre au roi de France, refusa d’abord, et le bombardement commença le 13 août 1792, à onze heures du soir, le 1er septembre il durait encore. Un parlementaire du général prussien vint offrir une honteuse capitulation : elle fut acceptée par le conseil de défense, composé de traîtres et d’hommes sans énergie ; mais le commandant de la place, vaillant patriote, chef de bataillon des volontaires de Mayenne et de Loire, le courageux Beaurepaire, indigné de cette lâcheté, car Verdun pouvait, par une défense désespérée, arrêter l’ennemi durant quelques jours, s’épuisa en vains efforts pour persuader le conseil de résister encore, et, voyant que ces traîtres restaient sourds à sa voix, il se brûla la cervelle. Bientôt après, le duc de Brunswick prit possession de la place au nom du roi de France. Pendant que Verdun et Longwy capitulaient ainsi honteusement, le corps d’émigrés de la division du prince de Hohenlohe attaquait et bombardait Thionville avec une barbarie jusqu’alors