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» Michel demande à mon frère où il faut le conduire, il répond qu’il ira chez sa belle-sœur, qu’il se sent assez fort pour s’y rendre seul ; et il offre à Michel un paquet d’assignats. Cet homme refuse.

» — Nous répondons de vous, — reprend-il, — nous ne pouvons vous quitter que lorsque vous serez en sûreté. Gardez vos assignats. Allons chez votre belle-sœur ; où demeure-t-elle ?

» — Rue du Chaume.

» — La pauvre femme sera bien contente et bien surprise de vous revoir ?

» — Oh ! certes !

» — Eh bien, nous voudrions assister à cette entrevue : ce spectacle nous reposerait.

» — Ma belle-sœur est très-timide ; puis le sang dont vos habits sont couverts lui causerait une terrible frayeur.

» — La frayeur de votre belle-sœur cessera lorsqu’elle saura que nous vous avons conduit en sûreté chez elle.

» — Accordez-nous cette satisfaction, — dit le compagnon de Michel, cela ne vous coûtera pas autant que l’argent que vous nous offriez, et cela nous fera plus de plaisir.

» Mon frère fut obligé de se rendre aux instances de ces hommes : ils l’accompagnèrent chez mon beau-frère, où Madame B… et ses enfants demeuraient depuis le 10 août. Madame B…, préparée par mon frère à la visite de ses terribles conducteurs, qu’il avait devancés d’un moment, les reçut sans visible répugnance. Ils eurent la discrétion de ne pas prolonger leur visite au delà d’un quart d’heure, prirent congé de mon beau-frère, en le remerciant de la jouissance qu’il leur avait procurée. »


Enfin, ce dernier extrait d’une brochure dont l’auteur appartenait, il est vrai, à l’opinion républicaine, confirme un fait de la plus grave importance, et dont l’authenticité ne saurait être niée ; Tallien,