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dénoncé le fait en ces termes dans L’Ami du Peuple (16 juin 1791) :

« — … L’on veut à toute force entraîner le roi dans les Pays-Bas, sous prétexte que sa cause est celle de tous les rois de l’Europe ! Vous serez assez imbéciles pour ne pas prévenir la fuite de la famille royale. Parisiens… insensés Parisiens ! ! je suis las de vous le répéter ! retenez le roi et le dauphin dans vos murs, gardez-les avec soin ; renfermez la reine, son beau-frère et sa famille. La perte d’un jour peut être fatale à la nation et creuser la tombe de trois millions de Français. »

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Moi, Jean Lebrenn, je joins ici quelques fragments de mon journal où j’ai écrit presque quotidiennement les événements de cette immortelle époque. Ces extraits vous donneront, fils de Joël, un tableau assez exact de la situation de Paris lorsque l’on y apprit la fuite du roi, effectuée dans la nuit du 21 juin (1791).


21 juin 1791. — Aujourd’hui, dès le matin, le bruit du départ de Louis XVI a circulé dans Paris. Victoria, étant allée acheter nos provisions de la journée, est soudain revenue m’apprendre la fuite du roi, confirmée par cette proclamation des représentants du peuple, affichée, colportée dans les rues et dont ma sœur me remit un exemplaire :


Au nom de l’Assemblée nationale.
« Citoyens,

» Le roi est en fuite… Des mesures sévères sont prises pour suivre les traces des machinateurs de l’évasion. — Les représentants du peuple pourvoiront au salut public. — Toute émeute, toute atteinte aux propriétés seront considérées comme crimes de lèse-nation. — Les ministres seront admis aux séances. — Les décrets