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le feu aux villes, car, selon l’expression des rois ligués : des déserts sont préférables à des lieux habités pr des peuples révoltés.

» Aux armes, citoyens ! l’ennemi est à nos portes ! »

Ce plan de coalition eût paru encore plus insensé qu’atroce s’il n’eût été confirmé d’avance par le manifeste du duc de Brunswick, lancé à la fin de juillet contre la révolution. Ce manifeste, déjà connu du public, ne renfermait alors que des menaces ; mais des menaces, les despotes étrangers passaient à l’action. L’on venait d’apprendre à Paris la prise de Longwy, l’investissement de Verdun ; les Prussiens n’étaient plus qu’à trois jours de marche de la capitale… Que l’on juge de l’émotion causée par la lecture du placard de Gorsas, ainsi commenté à haute voix dans la foule :

« — Les royalistes ont deux cents repaires d’où ils s’élanceront sur les patriotes lorsque l’ennemi aura passé la frontière… » Et elle est envahie. Ah ! maintenant, prenons garde à nous !

— Ainsi, l’armée prussienne sera grossie de tous les contre-révolutionnaires de la France !

— Ils veulent réduire Paris par la famine !

— Massacrer tous ceux qui ont pris part à la révolution… N’avez-vous pas lu le manifeste de Brunswick ?

— Alors ils veulent massacrer quasi tout le monde !

— Nous laisserons nous égorger comme des moutons à la boucherie ?

— Non ! Non ! plutôt nous ensevelir sous les ruines de Paris…

Pendant que la foule se livrait à ces réflexions désolantes, un afficheur de la commune de Paris placardait l’arrêté suivant :


« aux armes, citoyens ! ! !



» Citoyens,

» L’ennemi sera bientôt sous les murs de Paris !