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ple n’a plus vu en eux que des frères et a demandé justice des grands coupables… Je la demande moi-même au nom de la nation outragée ! La loi et l’égalité ne reconnaissent aucune distinction. Le glaive de la justice doit trancher les têtes des plus obscurs ou des plus grands coupables… fussent-ils sur le trône. »

À ces redoutables paroles, un frissonnement d’effroi court dans la loge royale. Louis XVI pâlit ; le regard altier de Marie-Antoinette semble braver l’orateur. Il continue en ces termes :

« — Je demande que les soldats suisses soient conduits à l’Abbaye, où ont été déjà transférés les officiers par le peuple lui-même qui les a fait respecter… Je conduirai les soldats jusqu’à la prison ; je réponds d’eux sur ma tête… »

La proposition de Chabot, mise aux voix, est adoptée ; il sort de la salle afin d’aller conduire les soldats suisses à l’Abbaye, et il se croise avec une députation de la gendarmerie nationale introduite à la barre, où s’exprime ainsi l’orateur des délégués :

« — Législateurs ! au nom de nos camarades, nous venons vous déclarer que tous nos chefs sont des aristocrates… leur conduite a été contre-révolutionnaire dans la journée d’hier… ils nous excitaient à tirer sur nos frères… Nous ne pouvons continuer d’obéir à de tels chefs. Nous demandons leur licenciement.

» delaunay, à la tribune. — J’affirme que la réclamation des citoyens que vous venez d’entendre est fondée… Je demande le renvoi de leur pétition au comité militaire. (Adopté.)

» le président. — L’on vient de transporter ici onze caisses contenant l’argenterie des Tuileries sauvée de l’incendie par de braves citoyens qui ont concouru à éteindre le feu. Ils ont aussi apporté plusieurs liasses de papiers trouvés par eux dans une armoire de fer… armoire secrète pratiquée dans l’un des murs de l’appartement du roi… (Profonde sensation.) Ces papiers, d’une haute importance sans doute, vont être envoyés aux comités. »

J’avais par hasard les yeux fixés sur la loge royale, lorsque le pré-