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prince allemand palpait aussi quatre pensions : la première, pour ses services comme colonel ; la deuxième, idem ; la troisième, idem ; la quatrième, pour ses services comme non-colonel. — Un certain Desgalois de la Tour empochait aussi vingt-deux mille sept cent vingt livres, total de ses quatre pensions : la première, comme premier président et intendant ; la deuxième, comme intendant et président ; la troisième, pour les mêmes considérations que ci-dessus, etc., etc.

« — Enfin, nous le tenons, le livre rouge, — écrit à cette époque Camille Desmoulins, avec sa verve étincelante d’esprit et son bon sens impitoyable. — Le comité des finances a rompu les sept sceaux dont était fermé ce livre fatidique ; la voilà accomplie la terrible menace du prophète, la voilà accomplie avant le jugement dernier : Revelabo pudenda tua ! Je dévoilerai tes turpitudes ! Tu ne trouveras pas même une feuille de figuier pour couvrir ta nudité à la face de l’univers ! On verra toute ta lèpre, et sur ton épaule ces lettres : gal, que tu as si bien méritées ! ! Ô race insatiable des courtisans et des courtisanes ! !… Notre cher comité des finances nous prévient, dans son préambule, que le livre rouge n’est pas le seul registre qui contienne les preuves de la criminelle complaisance… disons le mot, de la friponnerie des ministres des finances depuis 1774 : ses travaux lui découvrent chaque jour d’autres déprédations (que ce cher comité) fera successivement connaître. Bravo, mille fois bravo, généreux républicains sans le vouloir ; bravo, nos illustres défenseurs ; poursuivez votre route dans ces souterrains ; continuez d’en éclairer les fangeux ténèbres ; Camus tient le flambeau, il force Necker d’être son guide. L’hypocrite Genevois cherche sans cesse à vous égarer ; tantôt il se retourne pour souffler la lumière, tantôt il voudrait fuir ; mais Camus le retient par la basque, et la lanterne qu’il porte rappelle au ministre des idées qui le devraient faire marcher droit…

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» Le sieur Necker n’a pas craint de dénoncer au comité des pen-