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» l’orateur. — Législateurs, le peuple, depuis longtemps, vous demande la déchéance de l’individu royal !… et vous n’avez pas même décrété sa suspension ! !

Un citoyen armé accourt à la barre et s’écrie avec animation :

« — Le feu est aux Tuileries… (Mouvement général d’inquiétude.) — Oui… le feu est aux Tuileries… et nous n’arrêterons l’incendie que lorsque la vengeance du peuple sera satisfaite par la déchéance du pouvoir exécutif ! »

Au milieu de l’alarme causée par cette nouvelle : que le feu est aux Tuileries, entrent plusieurs patriotes chargés de malles enlevées après l’invasion du château ! Le couvercle de l’une d’elles, s’étant brisé, ils ont fait, disent-ils, leurs efforts pour que rien de ce qu’elle contient ne fût égaré ; ils déposent aussi sur le bureau plusieurs lettres prises dans l’appartement de la reine. (Mouvement de Marie-Antoinette.)

» le président. — Ces lettres vont être envoyées au comité de surveillance. »

Un citoyen en haillons, armé d’une pique, le bras gauche enveloppé d’un chiffon ensanglanté, s’approche du bureau et dit :

« — Je dépose sur le bureau de l’Assemblée cette montre d’or et ce portefeuille ; j’ai trouvé cela sur un officier suisse que j’ai tué à l’attaque des Tuileries… »

Les simples et mâles paroles ce ce patriote, son désintéressement, sont vivement applaudis par le public et par l’Assemblée ; mais bientôt le silence se rétablit et devient profond à l’appel de Vergniaud. Il monte à la tribune. L’on devine, à l’émotion des traits du chef du parti girondin, qu’il va soumettre à l’Assemblée une proposition d’une extrême importance.

« vergniaud. — Citoyens, je viens, au nom de la commission extraordinaire, vous proposer une mesure rigoureuse. Il importe, si vous l’approuvez, de l’approuver sur-le-champ… le salut de la patrie l’exige… Voici le projet de décret.