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fauteuil et a remis une lettre au président. Celui-ci la lit ; puis, agitant sa sonnette afin de réclamer le silence, il l’obtient.

« le président. — Messieurs, je suis averti par les administrateurs de la police qu’à chaque instant des envoyés des sections viennent demander M. Pétion à l’Hôtel de Ville, assurant que le bruit se répand qu’il est allé au château cette nuit et qu’il y court pour sa vie les plus grands dangers. »

À ces mots, l’inquiétude et l’agitation sont extrêmes dans les tribunes. Le patriotisme, le courage de Pétion, son dévouement sans bornes à la révolution, l’ont rendu cher au peuple.

« un député de gauche, se levant. — Je demande que l’Assemblée décide que M. Pétion sera mandé à la barre afin de rendre compte de l’état de Paris. Si M. Pétion est au château, un huissier de l’Assemblée, escorté de deux gardes nationaux du poste, ira sur-le-champ aux Tuileries instruire M. Pétion de notre décision. »

Cette proposition est adoptée à l’unanimité ; mais à ce moment même, Pétion, prévenant les vœux de l’Assemblée, entre dans la salle et s’avance à la barre. Sa présence excite les acclamations des tribunes rassurées sur les dangers que courait aux Tuileries le maire de Paris.

« le président. — Monsieur Pétion, l’Assemblée était vivement inquiète à votre égard… Veuillez vous expliquer sur les dangers auxquels on vous disait exposé…

» pétion, calme et grave. — Occupé tout entier de la chose publique, j’oublie facilement ce qui m’est personnel. Il est vrai que cette nuit, à mon arrivée au château, j’ai été très-mal accueilli ; j’ai entendu s’élever contre moi des propos menaçants. Ils ne m’ont pas déconcerté. Je sais depuis longtemps que mon amour du bien public m’a suscité de nombreux ennemis… Je crois pouvoir assurer l’Assemblée que toutes les précautions possibles sont prises afin d’assurer la tranquillité de la cité.

» un député de la gauche, avec violence. — Monsieur Pétion, vous