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l’Europe ! Grâce à ses attentats secrets ou avoués contre la révolution, la France est tombée dans un état convulsif, qui la précipite vers la servitude ou l’anarchie… La patrie est en danger ! le peuple est en insurrection ! Français, vous êtes donc enfin devenus libres !

» La France n’a que deux ennemis dangereux : La Fayette et Louis XVI, et si celui-ci était abattu, La Fayette n’existerait plus.

» Que Louis XVI soit donc chassé pour jamais du trône, et la patrie est sauvée… Peuple, aux armes ! »

En effet, cette fois encore, l’insurrection seule pouvait et devait sauver la chose publique, mise en péril par le manque d’énergie, ou par les principes contre-révolutionnaires de la majorité de l’Assemblée. 406 voix, répétons-le, 406 voix contre 224, venaient de prononcer l’acquittement de La Fayette, coupable d’avoir, au nom de son armée, menacé la représentation nationale par une lettre factieuse ; coupable d’être venu à Paris accompagné d’un grand nombre d’aides de camp complices de ses desseins, laissant ainsi sans commandement son armée en présence de l’ennemi menaçant nos frontières ; coupable enfin d’avoir, durant son séjour à Paris, tramé, sans résultat, la proscription d’une partie de l’Assemblée, la fermeture des clubs, la destruction de la presse patriote, espérant s’appuyer sur la municipalité, sur les feuillants et sur les bataillons royalistes de la garde nationale ; mais Louis XVI, levant le masque et comptant plus que jamais et uniquement sur le triomphe de la coalition étrangère, avait fait échouer les manœuvres de La Fayette, duquel il n’entendait point subir la domination constitutionnelle. L’esprit de la majorité, qui venait de l’absoudre, ne présageait que trop le rejet de la demande de déchéance de Louis XVI, soutenue par une petite fraction des girondins et par l’extrême gauche. L’ennemi était à nos portes. L’ouest et le midi de la France, depuis longtemps agités par les ci-devant nobles et les prêtres réfractaires, semblaient au moment de se soulever. Ces calamités publiques avaient surtout