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ainsi que le disait Bouillé, « connaissant les chemins, guideraient l’étranger jusqu’au cœur de la France ; » — ces plans d’invasion les voici : Le duc de Brunswick, à la tête des Prussiens, passerait le Rhin à Coblentz, remonterait la rive gauche de la Moselle, attaquerait ce point vulnérable de la frontière et marcherait sur Paris par Longwy, Verdun et Châlons. — Le prince de Hohenlohe, commandant les troupes du duché de Hesse et un corps d’émigrés, marcherait sur Thionville et sur Metz (où Louis XVI avait dû rejoindre Bouillé). Enfin, le général Clairfayt, à la tête des troupes de l’empereur d’Autriche et d’un autre corps d’émigrés, traverserait la Meuse et se dirigerait sur Paris par Reims et Soissons ; tandis que d’autres corps de l’armée ennemie placés sur les frontières du Rhin et du Nord, attaquant nos troupes, favoriseraient cette marche concentrique des coalisés sur la capitale…

La publication du manifeste des tyrans de l’Europe, loin d’effrayer ou d’abattre l’énergie révolutionnaire, l’exalte jusqu’à l’héroïsme. Les girondins signalent chaleureusement le danger… mais gardent le silence sur le seul moyen de le conjurer : à savoir la déchéance de Louis XVI et sa mise en accusation. Vergniaud monte à la tribune et s’écrie :

— Qu’après un premier échec dû à la trahison des officiers royalistes, nos soldats, décidés à mourir ou à repousser l’étranger de nos frontières, ont pour ainsi dire, malgré leurs chefs, repris une victorieuse offensive… mais que bientôt, leur élan patriotique a été réduit à l’inertie par des ordres inexplicables, et qu’au lieu de marcher en avant, ils ont dû se replier sur nos frontières menacées par les Prussiens ; tandis qu’à l’intérieur, la révolution est attaquée avec un redoublement de fureur par des ci-devant nobles et les prêtres réfractaires et que le roi refuse opiniâtrement sa sanction aux décrets de l’Assemblée qui ordonnent la formation d’un camp de vingt mille hommes, placé entre la frontière et Paris. » — Enfin, Vergniaud, dévoilant les trames de la cour avec