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faire entendre aux souverains étrangers un langage menaçant s’ils persistent à favoriser l’armement de l’émigration. Cette adresse à Louis XVI se termine ainsi :

« — … Vous êtes invité, vous représentant héréditaire de la nation, à dire aux rois étrangers que, si les princes d’Allemagne continuent de protéger les préparatifs dirigés contre la France, les Français porteront à l’étranger non le fer et la flamme, mais la liberté. C’est aux rois de calculer quelles peuvent être pour eux les suites de ce réveil des peuples ! »

Patriotiques paroles ! ! Elles renfermaient le principe des saintes victoires des volontaires de la république, ces héros ! non plus soldats mercenaires ou instruments passifs, stupides de la tyrannie, ou de l’orgueil conquérant des despotes, mais soldats citoyens, combattant au nom de la liberté de la France… au nom de l’affranchissement des peuples ! ! Patience ! ! l’heure des prodigieux triomphes des armées républicaines de Hoche, de Marceau, de Joubert s’accomplira plus tard au chant de la Marseillaise, hymne immortel de la révolution !

Donc, Louis XVI accepte avec empressement les injonctions de l’Assemblée, l’assure qu’il parlera aux princes allemands un langage digne et ferme, ensuite de quoi, si elle n’est point satisfaite des réponses de ces princes, l’Assemblée, usant de son droit, leur déclarera la guerre… Louis XVI menacer ses secrets alliés, ses complices, déchaîner contre eux la guerre révolutionnaire… cela vous semble incroyable, fils de Joël ? Attendez, vous saurez bientôt quel affreux complot voilait cet apparent concert de vues entre l’Assemblée nationale et l’individu royal. Celui-ci, sous prétexte de la possibilité de prochaines hostilités, choisit aussitôt pour ministre de la guerre le comte de Narbonne, l’un des chefs des feuillants (contre-révolutionnaires avérés), jeune courtisan plein d’audace et d’ambition ; il forme trois corps d’armée : le premier est commandé par le marquis de La Fayette, qui présidait le massacre du champ de Mars ; les deux