Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semblée constituante fait place à l’Assemblée législative ; aucun des anciens constituants ne pouvait, selon la loi, être réélu. Robespierre et les autres chefs de la minorité ne siégèrent donc pas parmi les nouveaux représentants du peuple ; mais les principes qui inspiraient la minorité de la Constituante, devinrent en partie ceux de la majorité de la Législative, expression sincère de l’opinion générale en France. Ces élections résumaient surtout l’esprit de la révolution. La droite, au lieu d’être, ainsi que la Constituante, composée de grands seigneurs, de cardinaux, d’évêques, de bourgeois aristocrates, de gens de cour ou d’épée, défenseurs effrénés de l’ancien régime, la droite appartenait au parti constitutionnel représenté au dehors de l’Assemblée par le club des Feuillants. Les chefs de ce parti, La Fayette, Matthieu Dumas, Ramond, Vaublanc, Beugnot, etc., etc., voulaient le maintien de Louis XVI et de la constitution ; les chefs de la gauche appartenaient en grand nombre au département de la Gironde, d’où le surnom de girondins donné à Vergniaud, Guadet, Gensonné, Ducos, etc., etc. Leurs tendances étaient, ou devinrent républicaines. À eux se joignirent Condorcet, Brissot et autres républicains purs. Enfin Bazire, Chabot, Merlin siégeaient à l’extrême gauche ; mais cette fraction était, ainsi que les girondins, dévouée à la révolution et résolue de la maintenir, de la défendre par tous les moyens, si ses ennemis, pour l’attaquer, ne reculaient devant aucun moyen ; le centre de l’Assemblée, indécis et flottant, votait selon son inspiration du moment, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite. En somme, la majorité de la Législative, ne pouvant douter des incessantes trahisons de Louis XVI et de son entente secrète avec la coalition, se montra sourdement ou franchement hostile à l’individu royal et à la royauté ; il avait même été décrété, lors de la première séance, de supprimer dans les rapports des représentants du peuple souverain, avec son commis exécutif, ces ridicules et serviles appellations de sire, de majesté, débris surannés du fétichisme monarchique.

Louis XVI, de son côté, irrité de l’esprit révolutionnaire de l’Assemblée, l’As-