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garderez cette Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges comme notre histoire à nous tous, fils du peuple et du tiers état représentant les Gaulois opprimés, puis affranchis de siècle en siècle par l’insurrection…

Un mot encore… Savez-vous, chers lecteurs, mon suprême et trop orgueilleux espoir ? C’est qu’après ma mort mon œuvre sera continuée de génération en génération. Je lègue ici cette pieuse tâche à des écrivains plus habiles, mais non plus sincèrement dévoués que moi à la cause de la démocratie universelle, et du libre examen. Ainsi se continuerait de siècle en siècle, pour l’enseignement de nos descendants, l’Histoire de cette famille de prolétaires à travers les âges, histoire qui, après tout, est la nôtre.

Et maintenant, adieu, chers lecteurs ; j’éprouve un profond regret, croyez-le, en songeant qu’il me faudra bientôt renoncer à cette communion de pensées, sorte de mystérieuse intimité qui nous lie depuis bientôt six ans. Elle était ma joie, ma récompense, ma gloire, alors que j’habitais mon pays… Elle a souvent adouci pour moi les amertumes de la proscription.

Savoie, Annecy-le-Vieux, 20 janvier 1856.


Salut et fraternité.............................

EUGÈNE SÜE................................