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lui inspirait la masse plébéienne des déshérités. Ces craintes, ces défiances, amenèrent fatalement des discordes, des hostilités, des haines entre ces deux classes qui, au nom des intérêts de tous, devraient se confondre en une seule.

Quoi qu’il en soit, fils de Joël, malgré leurs erreurs, rendons un éclatant hommage aux travaux des constituants de 1789 : le clergé, la noblesse, la monarchie, frappés dans leur prestige, dans leurs biens, dans leurs privilèges, dans leur autorité séculaires, ont reçu un coup mortel. L’Assemblée nationale a enfin inauguré l’ère de l’affranchissement ; elle peut, à bon droit, dater son œuvre de l’an I de la liberté, ainsi que l’on dit aujourd’hui. Mais aussi n’oublions jamais, fils de Joël, que l’énergique attitude de la population soulevée, que son héroïsme, lors du siége de la Bastille, et qu’enfin l’insurrection de la France entière, en juillet et août 1789, encourageant les constituants, leur prouvant qu’ils pouvaient compter sur l’intrépide appui du prolétaire en armes, leur permit d’accomplir radicalement leur œuvre gigantesque. N’oublions jamais enfin que si la cour n’eût été terrifiée par les victoires populaires, elle aurait violemment dissous l’Assemblée nationale, ainsi que tant de fois elle en eut le projet ; crime auquel d’ailleurs elle ne renonça jamais ; horribles desseins rendus plus horribles encore par ses complots incessants avec l’étranger qu’elle sollicitait à l’invasion de la France et à l’anéantissement de Paris, la ville mère des révolutions ; trames homicides, sacrilèges, toujours déjouées ou dévoilées par l’excellent bon sens ou par l’instinct du peuple, constamment tenu en éveil, grâce à la vigilance de la presse révolutionnaire de Camille Desmoulins, de Marat, de Loustalot, de Prudhomme, de Carra, de Gorsas, de Claude Fauchet et autres écrivains patriotes, dont le talent, le courage égalent le civisme !




fin du treizième volume.