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— Ces bandits obéissent à l’ordre du jésuite… ils veulent s’emparer de notre légende !

À ces mots, Frantz, prenant ses pistolets dans la même main, pousse la table derrière lui, à côté de M. et de madame Lebrenn, prêts à défaillir de terreur, et reprend son attitude défensive, les canons de ses armes braqués sur Lehiron.

— Imbécile ! — s’écrie le petit Rodin, s’adressant au géant et frappant du pied avec colère. — Il fallait tout de suite sauter sur les papiers… Mon doux parrain va joliment t’arranger !

— Tais-toi, vermine… on sait ce qu’on a à faire, — répond Lehiron, et faisant deux pas vers Jean, qu’il menace de son grand coutelas :

— Citoyen Lebrenn… tu es un traître !… et au nom du peuple… je viens t’arrêter…

— Ah ! tu viens m’arrêter… — répond le jeune homme croisant la baïonnette à la hauteur de la poitrine du brigand. — Eh bien !… Voyons, arrête-moi !…

— Si tu fais un pas… bandit… je te tue comme un chien… et il me restera trois coups à tirer… avis à tes complices ! ! — ajoute Frantz de Gerolstein le doigt sur la gâchette et clignant l’œil droit afin de mieux ajuster Lehiron. Celui-ci voyant le danger, répond sans néanmoins reculer :

— Citoyen Lebrenn, tu trahis le peuple ! tu caches ici une aristocrate… la Marquise Aldini… la voilà… — et le géant désigne de son coutelas Victoria. — C’est une des harpies du parti de l’Autrichienne… Elle assistait hier soir à un conciliabule royaliste… Tu conspires avec elle contre la nation… Ces papiers, que tu veux nous soustraire, en sont la preuve… Tu vas me les livrer ainsi que cette coquine d’aristocrate de Marquise…

— Oui !… oui… à la lanterne, l’aristocrate ! — Vive la nation ! — À mort les traîtres ! — hurlèrent les compagnons de Lehiron brandissant leurs piques, leurs sabres et faisant irruption dans la cham-