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lage, au massacre et à l’incendie de Jérusalem par les pieux Croisés, et fut plus tard, ainsi que son fils, l’un des plus intrépides communiers de la ville de Laon, révoltée contre l’évêque, son seigneur temporel et spirituel, et plus tard contre Louis le Gros.

Les tenailles de fer, — qui, lors de la croisade des Albigeois, servirent aux tortures de Karvel-le-parfait.

Le petit trépied de fer, — qui fut posé brûlant sur le front de Guillaume Caillet, chef de la Jacquerie, supplicié le même jour que Mazurek-l’Aignelet, serf du sire de Plouernel, seigneur en Beauvoisis.

La dague damasquinée, — au blason de Plouernel, léguée par Mahiet-l’avocat d’armes.

Le couteau de boucher, — aussi légué par Mahiet-l’avocat-d’armes, témoin du martyre de Jeanne Darc, la vierge des Gaules, victime du roi, des prêtres et des gens de guerre.

La Bible de poche, — léguée par Christian-l’imprimeur, au temps des guerres religieuses de la réforme, et de qui la fille Hêna fut plongée vivante dans les flammes du bûcher le 21 janvier 1533, sous les yeux de François Ier et de sa cour.

Le marteau de forgeron, — laissé par Tankerù, l’un des chefs de l’insurrection de la Bretagne sous Louis XIV, alors que les vassaux révoltés voulurent imposer à la seigneurie et au clergé le Code paysan.

— Oh ! Frantz, — dit au prince de Gerolstein Victoria Lebrenn, d’une voix émue et les yeux pleins de larmes, après avoir longtemps contemplé rêveuse ces reliques sacrées, transmises dans sa famille de génération en génération depuis dix-huit siècles et plus, — que de navrants souvenirs, que de douleurs, de misères, d’iniquités, d’oppressions, de tortures rappellent à notre pensée ces objets inanimés, témoins du martyrologe séculaire de notre famille plébéienne ! !

— Hélas ! sa lamentable histoire est celle de tout un peuple asservi, opprimé d’âge en âge depuis la conquête franque, — reprit