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nous, mille circonstances, jusqu’à présent insignifiantes à mes yeux, me reviennent maintenant à la mémoire… — répond l’avocat en souriant d’un air fin. — Aussi, vous dis-je, n’ai-je pas besoin d’interroger mademoiselle Charlotte pour être assuré qu’elle vous aime autant que vous l’aimez, mon jeune ami…

— Tenez, monsieur, excusez-moi… je crois à peine ce que j’entends… les paroles me manquent pour vous peindre… la joie… la reconnaissance… la surprise…

— La surprise… et de quoi, mon cher Jean, êtes-vous donc tant surpris ?

— De ce que ce mariage… ne soulève pas la moindre objection de votre part… monsieur.

— Et d’où diable viendrait cette objection, mon ami ? Est-ce que vous n’êtes pas l’un des plus dignes jeunes gens que je connaisse ? Est-ce que votre intelligence n’est pas à la hauteur de votre cœur ? Est-ce que votre noble conduite envers votre mère n’est pas au-dessus de tout éloge ?

— Monsieur, vous me comblez…

— Est-ce qu’enfin tantôt, répondant à votre chaleureuse allocution… et m’adressant à votre vénérable père, je ne lui ai pas dit que, pour la première fois, il me faisait connaître l’envie… car je l’enviais, d’avoir un fils tel que vous… Eh bien ! mon cher Jean, grâce à vous et à Charlotte, mon envie est satisfaite… vous devenez mon fils en épousant ma fille !

— Ah ! monsieur… la façon si touchante, si flatteuse, dont vous exprimez votre consentement… double pour moi son prix.

— Mon Dieu ! rien de plus simple cependant que ma conduite… ni moi, ni ma femme… je vous réponds de son consentement… nous ne pouvons élever aucune objection contre ce mariage. Est-ce la question de fortune ? Je suis riche… et vous êtes pauvre… Qu’importe ! est-ce que la valeur des gens se pèse au marc le franc ?

— Et j’ai pu douter un moment de la sincérité de cet homme gé-