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— Oui… en tant qu’il peut exister des relations intimes entre M. l’avocat Desmarais et un ouvrier serrurier, ainsi que l’est le jeune garçon auquel tu fais sans doute allusion ?… Car j’imagine qu’il est question de Jean Lebrenn… premier ouvrier de maître Roussel ?…

— En effet, maman… Tu te rappelles aussi que mon père, frappé de l’excellente éducation, de la conduite exemplaire et de la haute intelligence de M. Jean Lebrenn, s’est souvent et longuement entretenu avec lui… lui a offert l’usage de sa bibliothèque, et, enfin, l’a engagé à venir nous visiter les jours de fête ?

— Ceci est vrai ; et, par parenthèse, ces rapports, trop familiers entre ton père et un homme de la basse classe, ont tellement choqué mon frère, que sans parler de la différence de ses opinions politiques avec celles de mon mari, il s’en est suivi, à mon grand chagrin, une rupture entre eux. Mais à quel propos évoques-tu ces souvenirs, mon enfant ?

— Je désirais te rappeler que mon père a jugé digne de son amitié… M. Jean Lebrenn ?

— Encore une fois, Charlotte, ton père a pu témoigner de la bienveillance, de l’intérêt à ce jeune garçon… malgré la distance qui les séparait, lui accorder la faveur de venir nous visiter de temps à autre, quoique, je le répète, mon frère ait blâmé très-énergiquement ces familiarités-là…

— Je le sais, — répond Charlotte avec une légère amertume, — mon oncle Hubert s’est toujours montré très-hostile à M. Jean Lebrenn, et très-jaloux de lui…

— Ton oncle Hubert, riche banquier de Paris, n’ayant et ne pouvant avoir aucuns rapports avec un garçon serrurier, n’a contre lui aucun sujet d’hostilité… bien moins encore de jalousie. Il a seulement blâmé ton père d’oublier trop, en apparence du moins, la distance qui le séparait d’un homme de la basse classe…

— Cependant, maman, lorsque mon père a été nommé au mois d’avril député de Paris, je l’ai souvent entendu répéter à M. Jean,