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le comte de plouernel. — Madame… quoiqu’il semble impossible, ce cas est prévu…

victoria. — En présence de cette désastreuse nécessité… quel parti prendra la cour ?

le comte de plouernel. — Le roi et la famille royale, protégée par une force imposante, quitteront Versailles pour se retirer dans une place forte des frontières, dont le commandant et la garnison sont dévoués à la monarchie… L’empereur d’Autriche, les rois de Prusse, de Suède, ainsi que grand nombre de princes de la Confédération germanique, instruits du projet de la cour, seront prêts, en cas d’échec, à prêter main-forte au pouvoir royal, leurs armées passeraient la frontière à l’instant, et Sa Majesté, à la tête des armées coalisées, rentrerait vainqueur dans sa capitale, qui subirait un châtiment si terrible… que de longtemps elle n’osera se rebeller… Tel est, messieurs, dans la prévision d’une défaite, impossible, je le répète… tel est le projet de la cour.

le vicomte de mirabeau. — Nous sommes tous prêts à verser notre sang pour la réussite de ce plan… seul il peut sauver la monarchie.

tous les convives, moins l’abbé. — Oui… oui.

victoria. — Comte, un dernier mot… Ce projet a-t-il reçu l’approbation du roi ?

le comte de plouernel. — Connaissant la funeste faiblesse et l’indécision du sire… la reine attendra le moment de l’exécution du projet pour en instruire Sa Majesté. Cependant, selon son caractère tantôt irrité contre la révolution, tantôt tremblant devant elle, le roi a consenti au rassemblement d’un corps d’armée dans le voisinage de Versailles ; mais ce n’est qu’après-demain dans la nuit que la reine instruira son royal époux de la résolution du parti de la cour.

victoria. — Et si le roi refuse d’adhérer à ce plan ?

le comte de plouernel. — L’on se passera du consentement de ce nouveau roi fainéant, et à la dernière extrémité, M. le comte d’Artois serait déclaré lieutenant général du royaume, la reine ré-