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parti… Or, comte, que penseriez-vous de la découverte d’une pareille secte… cette découverte ne serait-elle point aussi d’une importance capitale ?

— Oh ! certainement ; mais à la condition que cette prétendue secte existât… Or, je vois avec surprise et chagrin un homme de bon sens comme vous, mon révérend, donner dans le panneau de ces fables absurdes relatives aux Voyants, aux Illuminés d’Allemagne et autres billevesées, véritables contes de ma mère l’oie !

— Et si je vous prouve évidemment l’existence de cette société ?… admettrez-vous que son révélateur a rendu un signalé service à la religion et au trône ?…

— Oui, s’il est avéré que cette prétendue secte existe…

— Elle existe, vous dis-je. Eh bien ! comte, à cette heure… comparez les résultats de votre passion écervelée pour cette belle marquise étrangère, et les résultats de ce que vous appelez mon amour pour ma commère Rodin ?… Selon vous, mon petit fillot est l’une des conséquences visibles et charnelles de cet amour ; or, s’il en était ainsi (ce qui n’est point), je devrais à ce garçonnet si bien avisé : — 1° la découverte d’un trésor qui doit s’élever un jour à plus de deux cents millions, et à la piste duquel notre Compagnie était depuis plus d’un siècle… Enfin, je devrais encore à mon petit Rodin la découverte du repaire d’une société de Voyants ; d’où je conclus fort judicieusement, comte, ainsi que je vous l’avais annoncé, que ce que vous appelez « mon amourette » avec ma commère Rodin, qui a créé et mis au monde mon intelligent fillot, me permettra peut-être de prévenir et de réparer les folies que pourra vous inspirer cette belle marquise vénitienne, qui, si j’en crois mes pressentiments, pourrait bien avoir pris un masque, afin de capter votre confiance… car elle est peut-être…

— … Affiliée à la secte des Voyants ! — ajouta M. de Plouernel avec un bruyant éclat de rire, interrompu par l’entrée successive de plusieurs de ses convives du parti de la cour, ducs, marquis,