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— Vêtissez cette robe par-dessus vos habits et cachez vos traits sous ce masque.

Victoria obéit. Le prince se masque aussi après avoir revêtu l’autre robe, et prenant sa compagne par la main :

— Suivez-moi.

Tous deux descendent ainsi une vingtaine de degrés aboutissant à un couloir éclairé par une lampe suspendue à la voûte. À l’extrémité de ce passage, se tient un homme vêtu d’une robe rouge et masque de noir. Il tient à la main une épée nue et semble défendre l’approche d’une porte au seuil de laquelle il est debout. Il fait deux pas à la rencontre des nouveaux venus, leur disant d’une voix grave :

— Qui êtes-vous ?

— Des déshérités, — reprend Frantz. — Nous avons eu pour père, l’asservissement… pour mère, l’ignorance… pour condition, la misère.

— Que voulez-vous ?

Liberté… savoir et bonheur.

— Frappez à cette porte, — dit le personnage masqué s’effaçant afin de donner passage à Frantz et à sa compagne. — Frappez, et l’on vous ouvrira… demandez, l’on vous accordera.

La porte s’ouvre et se referme derrière les deux initiés. Ils se trouvent dans un lieu brillamment éclairé.


Le prince de Gerolstein et Victoria Lebrenn restent un moment éblouis de la resplendissante lumière dont est inondé ce lieu souterrain[1], éclairé par soixante-dix candélabres dorés portant chacun sept bougies, nombre mystique. Les parois des murailles disparaissent

  1. Voir, pour les détails de cette scène, les questions et discours de l’initiateur, Luchet, Essais sur les Illuminés, chap. V, p. 23 et suivantes ; — Robinson, Preuves de la conspiration contre toutes les religions et tous les gouvernements de l’Europe, t. I, p. 144 et suivantes.