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— Comment cela, à la plus grande gloire de Dieu ?

— Maître, cette génération pourrie, en nous abandonnant la direction de son âme, nous donnera plus tard l’éducation exclusive de ses enfants ; nous élèverons ces générations selon qu’il convient, en les prenant de la tombe au berceau, en les façonnant, les pétrissant de telle sorte que, leurs appétits satisfaits, et à jamais délivrées des tentations de ces trois infernales rebelles : Raison, Dignité, Liberté, ces générations, bénissant leur douce, grasse et sensuelle servitude, soient à nous ce que nous sommes à toi, ô maître ! des corps sans âmes, des cadavres !

— Parmi les obstacles que notre œuvre rencontre ou peut rencontrer, vous avez cité la papauté ?

— Oui, maître, parce que l’élection du sacré collège peut appeler au trône pontifical des papes faibles, stupides ou scélérats.

— Quel remède à cela ?

— Constituer en dehors de la papauté, du collège des cardinaux, de l’épiscopat, du clergé régulier, des ordres religieux, une compagnie dont les membres ne pourront jamais être élus papes, ni accepter aucune dignité de la hiérarchie catholique, si élevée ou si humble que soit cette dignité, de sorte que cette compagnie conserve toujours pleine et entière son action pour ou contre l’Église établie, pour ou contre son chef.

— Quelle sera l’organisation de cette compagnie ?

— Un général élu par ses membres la dirigera souverainement.

— Quel engagement prendront ces membres envers lui ?

— Celui d’une obéissance muette, aveugle, servile.

— Que seront-ils dans ses mains ?

— Ce que nous sommes entre les tiennes, ô maître ! des instruments aussi dociles que le bâton dans la main d’un vieillard.

— Quel sera le théâtre de l’œuvre de la compagnie ?

— Le monde.

— Comment se le partagera-t-elle ?