— Elle devait vous être acquise ; je vous voyais laborieux. Désireux de vous instruire, je savais de plus… comme tous nos voisins, votre digne conduite envers votre vieux grand-père, qui habite cette maison depuis quinze ans…
— Monsieur, — dit Georges embarrassé de ces louanges, — ma conduite…
— Est toute simple, n’est-ce pas ? Soit. Vos travaux dans ma boutique ont duré trois mois… Très-satisfait de nos relations, je vous ai dit, et cela de tout cœur : Monsieur Georges, nous sommes voisins… venez donc me voir, soit le dimanche, soit d’autres jours, après votre travail… vous me ferez plaisir… bien plaisir…
— En effet, monsieur, vous m’avez dit cela.
— Et cependant, monsieur Georges, vous n’avez jamais remis les pieds chez moi.
— Je vous en prie, monsieur, n’attribuez ma réserve ni à l’ingratitude ni à l’oubli.
— À quoi l’attribuer alors ?
— Monsieur…
— Tenez, monsieur Georges, soyez franc… vous aimez ma fille ?…
Le jeune homme tressaillit, pâlit, rougit tour à tour, et après une hésitation de quelques instants, il répondit à M. Lebrenn d’une voix émue :
— C’est vrai, monsieur… j’aime mademoiselle votre fille.
— De sorte que, vos travaux achevés, vous n’êtes pas revenu chez nous de peur de vous laisser entraîner davantage à votre amour ?
— Oui, monsieur…
— De cet amour vous n’avez jamais parlé à ma fille ?
— Jamais, monsieur…
— Je le savais. Mais pourquoi avoir manqué de confiance envers moi, monsieur Georges ?
— Monsieur, — répondit le jeune homme avec embarras, — je… n’ai… pas osé…