Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Luttons au sabre (page 194).

« Après le repas, les Gaulois aimaient à prendre les armes et à se provoquer mutuellement à des duels simulés ; d’abord ce n’est qu’un jeu, ils attaquent et se défendent du bout des mains ; mais leur arrive-t-il de se blesser, la colère les gagne, ils se battent alors pour tout de bon ; si l’on ne s’empressait de les séparer, l’un d’eux resterait sur la place. » (Posidonius, cité par Améd. Thierry, Hist. des Gaul, t. II, p. 69.)


CHAPITRE III.


Au lourd sabre de cuivre (page 196.)

Pendant longtemps, et même lors de l’invasion romaine, les Gaulois ne se servaient que de sabres de cuivre très-affilés.


Hèr ! her ! (page 197).

Cri d’encouragement des Gaulois, analogue à l’évohé des Romains et des Grecs. (Sidoine-Apollinaire, liv. VI.)


Un vase rempli d’eau de gui (page 198).

En Gaule, le gui était considéré, en sa qualité de plante sacrée, comme un spécifique universel. (Ammien Marcellin, liv. V.)


Continuer de vivre ailleurs (page 199).

Nous l’avons dit, selon la croyance druidique, l’on ne mourait pas, l’âme quittait ce monde pour un autre, et s’y révélait d’une nouvelle enveloppe charnelle. Cette foi à la perpétuité de la vie, dans des existences successives, donnait aux Gaulois, en toute circonstance, ce mépris de la mort, signalé par tous les historiens de l’antiquité, car il constitue le trait le plus caractéristique de la race de nos pères. — Aristote assure que « les Gaulois poussaient le mépris du danger jusqu’à refuser de s’enfuir d’une maison prête à s’écrouler. » — Horace définit la Gaule : « La terre où l’on n’éprouve pas la peur de la mort. » — « Tandis que les Romains, — dit Polybe, — n’arrivaient au combat qu’après s’être rendus invulnérables, les Gaulois, se dépouillant de leurs vêtements habituels, y venaient presque nus ; tel était le premier rang de leur armée, composé des plus jeunes, des plus beaux et des plus héroïques. Au premier abord, avant d’avoir fait l’épreuve du fer, l’ennemi lui-même éprouvait une sorte de terreur devant cette témérité surhumaine. » — « Coupés avec les haches à deux tranchants. — dit Pausanias, — ou déchirés à coups d’épée, l’emportement de leurs âmes (des Gaulois) ne faiblissait pas tant qu’ils respiraient ; retirant les traits de leurs blessures, ils les retournaient contre les Grecs. »


Des lettres seront déposées sur ton bûcher (page 199).

Cette foi dans la perpétuité de la vie se retrouvait dans toutes les circonstances et affectait nécessairement mille formes. — « Dans les funérailles (dit Diodore de Sicile), les Gaulois déposent des lettres écrites aux morts par leurs parents, afin qu’elles soient lues par les défunts qui les ont précédés. » — En citant ce passage de Diodore, Jean Raynaud (dans son ouvrage sur le Druidisme) ajoute ces belles paroles : « Que de regards devaient donc suivre, en imagination, ces voyageurs, plonger à travers l’espace avec eux, assister à leur arrivée, à leur étonnement, à leur réception ! Si l’on ne pouvait empêcher les larmes, du moins brillait toujours sur les lèvres le sourire de l’espérance. »


Il demande au druide s’il ne connaît pas un remplaçant (page 200).

Voici ce que dit Posidonius sur cette coutume étrange : — « Un Gaulois tombait-il sérieusement malade, c’était pour lui un avertissement de l’ange de la mort de se tenir prêt à partir ; mais que cet homme eût d’importantes affaires à terminer, qu’une famille l’enchaînât à la vie, que la mort lui fût enfin un contre-temps, si aucun de ses clients ou