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Le petit Sylvest, fils de Guilhern, enfant tout vermeil à cheveux blonds, qui d’une main tenait la main de sa mère Hénory, s’avança un peu, et s’adressant au moribond :

— J’aimais bien le petit Alanik ; il s’en est allé l’an passé… Tu lui diras que le petit Sylvest se souvient toujours de lui, et pour moi tu l’embrasseras, Armel.

Puis, quittant la main de sa mère, le petit garçon baisa, de sa bouche enfantine, le front déjà glacé du mourant, qui répondit à l’enfant en lui souriant :

— Pour toi, petit Sylvest, j’embrasserai le petit Alanik. — Et Armel ajouta encore : — J’aurais pourtant bien voulu entendre les beaux récits du voyageur.

Un autre homme de la famille de Joel dit au mourant :

— J’étais ami d’Hoüarné, de la tribu de Morlec’h, notre voisine. Il a été tué sans défense pendant son sommeil, il y a peu de temps. Tu lui diras, Armel, que Daoülas, son meurtrier, a été découvert, jugé et condamné par les druides de Karnak, et que son sacrifice aura lieu bientôt. Hoüarné sera content d’apprendre la punition de Daoülas, son meurtrier.

Armel fit signe qu’il donnerait cette nouvelle à Hoüarné.

Rabouzigued, cause de tout cela, non par méchanceté, mais par l’intempérance de sa langue, s’approcha aussi pour donner une commission à celui qui s’en allait ailleurs… et lui dit :

— Tu sais qu’à la huitième lune de ce mois-ci, le vieux Mark, qui demeure près de Glen’han, est tombé malade ; l’ange de la mort lui disait aussi de se préparer à partir bientôt. Le vieux Mark n’était point prêt, il désirait assister aux noces de la fille de sa fille. Le vieux Mark, n’étant donc point prêt, pensa à trouver quelqu’un qui voulût s’en aller à sa place (ce qui devait satisfaire l’ange de la mort), et demanda au druide, son médecin, s’il ne connaîtrait pas un remplaçant. Le druide lui a répondu que Gigel de Nouarën, de notre tribu, passait pour serviable, et que peut-être il consentirait à