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— Que le divin Ogmi, dont la parole enchaîne les hommes par des liens d’or, nous soit favorable, père ! Depuis si longtemps un étranger conteur ne s’est assis à notre foyer !

— Et nous n’avons aucune nouvelle de ce qui se passe dans le reste de la Gaule.

— Malheureusement !

— Ah ! mon fils ! si j’étais tout-puissant comme Hésus, j’aurais chaque soir un nouveau conteur à mon souper.

— Moi, j’enverrais des hommes partout voyager, afin qu’ils revinssent me réciter leurs aventures.

— Et si j’avais le pouvoir d’Hésus, quelles aventures surprenantes je leur ménagerais, à mes voyageurs, pour doubler l’intérêt de leurs récits au retour !…

— Mon père ! mon père ! voici le cavalier près de nous.

— Oui… il arrête son cheval, car la route est étroite, et nous lui barrons le passage avec notre chariot… Allons, Guilhern, le moment est propice ; ce voyageur doit être nécessairement égaré, offrons-lui l’hospitalité pour cette nuit… nous le garderons demain, et peut-être plusieurs jours encore… Nous aurons fait une chose bonne, et il nous donnera des nouvelles de la Gaule et des pays qu’il peut avoir parcourus.

— Et ce sera aussi une grande joie pour ma sœur Hêna, qui vient demain à la maison pour la fête de sa naissance.

— Ah ! Guilhern ! je n’avais pas songé au plaisir qu’aurait ma fille chérie à écouter cet étranger… Il faut absolument qu’il soit notre hôte !

— Et il le sera, père !… Oh ! il le sera… — reprit Guilhern d’un air très-déterminé.

Joel, étant alors, de même que son fils, descendu de son chariot, s’avança vers le cavalier. Tous deux, en le voyant de près, furent frappés de ses traits majestueux. Rien de plus fier que son regard,