Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mes enfants !… une lettre de votre père !…

Georges, Sacrovir et Velléda se levèrent spontanément et se rapprochèrent de leur mère.

— C’est singulier ! — reprit celle-ci en examinant avec inquiétude l’enveloppe qu’elle décachetait. — Cette lettre doit venir de Rochefort comme les autres, et elle n’est pas timbrée…

— Peut-être, — dit Georges, — monsieur Lebrenn aura-t-il chargé quelqu’un partant de Rochefort de vous la faire parvenir.

— Et telle aurait été la cause du retard, — reprit Sacrovir. — C’est probable.

Madame Lebrenn, assez inquiète, se hâta de lire à ses enfants la lettre suivante :

« Chère et tendre amie, embrasse nos enfants au nom d’une bonne nouvelle, dont vous allez être aussi heureux que surpris… J’ai espoir de vous revoir bientôt… »

Ces mots étaient à peine prononcés par la femme du marchand, qu’il lui fut impossible de continuer sa lecture. Ses enfants l’entourèrent et sautèrent à son cou avec des exclamations de joie impossible à rendre, tandis que Gildas et Jeanike partageaient l’émotion de la famille.

— Mes pauvres enfants ! soyons raisonnables, ne triomphons pas trop tôt, — dit madame Lebrenn. — Ce n’est qu’un espoir que votre père nous donne… Et Dieu sait combien notre espérance d’amnistie a été souvent déçue !

— Alors, mère, lis vite… bien vite… achève, — dirent les enfants d’une voix impatiente. — Nous allons voir si cet espoir est sérieux.

Madame Lebrenn continua la lettre de son mari :

« J’ai l’espoir de vous revoir bientôt… plutôt même que vous ne pouvez le croire.. »

— Vois-tu, mère ! vois-tu ?…

Dirent les enfants d’une voix palpitante et les mains jointes, comme s’ils eussent prié.