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— Si tu sais lire, lis cela… — dit un ouvrier en mettant un écriteau sous les yeux du voleur. — Si tu ne sais pas lire, il y a là écrit :


Fusillé comme voleur !


— Fusillé ! — murmura l’homme en devenant livide. — Fusillé ! Grâce !… Au secours !… À l’assassin !… À la garde !… À l’assassin !

— Il faut un exemple pour tes pareils, mon cadet, afin qu’ils ne déshonorent pas l’insurrection du peuple ! — dit le père Bribri.

— Allons, à genoux, canaille ! — dit au voleur un forgeron qui portait encore son tablier de cuir. — Et vous autres, les amis, apprêtez vos armes !… À genoux donc ! — répéta-t-il au voleur en le jetant sur le pavé.

Le misérable tomba à genoux, si défaillant, si anéanti par l’épouvante, qu’affaissé sur lui-même, il ne put qu’étendre les mains en avant, et murmurer d’une voix éteinte :

— Oh ! grâce !… Pas la mort !…

— Tu as peur ! — dit le chiffonnier. — Attends, je vas te bander les yeux…

Et détachant son mannequin de dessus ses épaules, le père Bribri en couvrit presque entièrement le condamné agenouillé, ramassé sur lui-même, et se recula prestement.

Trois coups de fusil partirent…

La justice populaire était faite…


Quelques instants après, attaché par-dessous les épaules au support du bec de gaz, le corps du bandit se balançait au vent de la nuit, portant cet écriteau attaché à ses habits : 



Fusillé comme voleur !