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— Jérôme, tu es injuste, tu te trompes. J’ai si peu perdu la notion du bien et du mal, je suis encore si sensible à ce qui est honorable et généreux, que, tout à l’heure, j’ai éprouvé une jouissance délicieuse en reconnaissant combien toi et ta compagne vous étiez dignes l’un de l’autre. Hier, j’ai dîné avec Joseph et sa femme, et je ne puis te dire combien j’étais heureux de les voir si gais, si amoureux ! L’aspect de leur bonheur ne m’a pas causé la moindre envie. Eh bien ! dis, celui-là qui ressent de si douces émotions à la vue de félicités qu’il doit toujours ignorer, celui-là a-t-il perdu toute notion du bien et du mal ?

— Ni le bonheur de Joseph ni le mien ne peuvent t’inspirer aucune envie ; l’on n’en-