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— Qu’importe, si je t’aime comme autrefois, mon bon Jérôme ?

— Non, tu ne peux plus m’aimer comme par le passé. L’on aime avec le cœur, et le tien, autrefois candide et bon, est aujourd’hui noyé de fiel ; quelle place y peut-il rester pour les sentiments tendres ? Anatole, prends garde ! tu es sur une pente fatale ! Croire que l’on souffre injustement, c’est presque regarder la souffrance d’autrui comme une juste représaille ; et tu as prononcé ces détestables paroles : Un jour le martyr deviendra bourreau !

— Je l’ai dit, — reprit Anatole, dont les beaux traits se contractèrent de nouveau, — je l’ai dit et je le répète.