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CEUX DE VERDUN

Cousus par la pluie dans le linceul de leur capote,

Et le sillon qu’ils creusent est votre rempart.


xxiv


Qu’ils rampent ou qu’ils se dressent, ils combattent en plaine, comme on laboure ;

Ils sont nus au tonnerre, en terre nue, à ciel ouvert,

Ô soldats, saints paysans de la guerre !

Ils n’ont rien pour les défendre que les trous de leurs tombes béantes ;

En avant, ils tombent sur l’araire de leurs bras : dans la glèbe, ils restent ensevelis ;

Ils sont le grain de blé, pour vous nourrir, qui pourrira ;

Et ils roulent dans la mort pour que vous dormiez dans votre lit.