Page:Suarès - Ceux de Verdun, 1916.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
CEUX DE VERDUN

Ô remparts de Verdun, saints moellons de chair et d’argile, plus saints que la sainte Athènes et que Sion,

Sur vos pierres sanglantes, — chacune est un cœur battant, — que la douleur cimente,

La Bête s’est cassé la gueule, elle tombe à genoux, et sera bien forcée d’obéir à la loi qu’elle déteste, parce qu’elle ne l’a jamais comprise.


XIII


Vous et nous tous, qui vivons des jours inouïs, nous savions bien qu’il nous les faudrait vivre.

Ces temps étaient en nous, et la grandeur de France.

Ceux qui voient le plus loin l’avaient vu dès longtemps ;

Et qu’en dépit des sots, malgré les vieux porteurs de ruines, trois fois bâtés de calomnie, d’aigreur et de regrets,

Jamais France ne fut plus belle, ni plus juste, ni plus ardente, ni plus vive.