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CEUX DE VERDUN

Tels ceux-là qui rendaient sang pour sang, et mouraient pour leur Dieu mort pour eux,

Ils montent dans l’arène, vers les rêts et les tigres.

Les moutons ne sont pas plus marqués pour le boucher, quand on les pousse au petit jour vers la maison saignante.

Ils ne disent rien : l’un pour l’autre, ils pensent au couteau,

À la lettre qu’ils laissent pour la mère ou le père, pour la femme ou le fils,

Et qui ne partira que si jamais ils ne reviennent.

Tous condamnés à mort, et ils le savent :

Mais il y a bien un droit de grâce, j’imagine ! se murmurait l’un d’eux, avec un grave sourire.


X


Fils de l’amour, beaux gars de France, vous peinez dans l’enfer des taupes, du poison et du feu.

Le divin ciseau de la Douleur sans tache ni péché